La Maison de Jacques Prévert

"La poésie, c'est le plus joli surnom qu'on donne à la vie."

Maison Jacques Prévert

3 Hameau du Val

Omonville la Petite

50440 La Hague

musee.omonville@manche.fr

Tél : 02 33 52 72 38

 

Une maison nichée dans la verdure, au cœur d’un joli village haguais, un morceau de terre balayé par le vent et la mer… (à l’écart du monde)

C’est peut-être cela le bonheur !

Et quand on sait que l’âme de Jacques Prévert hante les lieux, on a le sentiment de mettre les pieds dans un petit coin de paradis.

C’est dans cet endroit paisible, au milieu des camélias et des rhododendrons, que le poète avait élu domicile pour vivre les dernières années de sa vie.

 

Fanny, directrice des lieux nous y reçoit pour nous nous guider dans cette maison et faire revivre le poète.

« Jacques Prévert est né en 1900, en vacances dans les années trente avec  sa première épouse et quelques amis tout près d’ici à Omonville la rogue, il découvre La Hague. Cette région lui plait bien, elle lui rappelle beaucoup les paysages du Finistère où il a de la famille, il aime beaucoup la mer et est séduit par le côté sauvage de La Hague.

Il revient  dans les années cinquante, puis soixante avec sa seconde épouse et sa fille. Ils ont quelques amis dans le coin et surtout il y a Alexandre Trauner qui est décorateur de cinéma  et avec qui il va travailler. Lui s’installe dans les années soixante dans le village, une maison après l’église.

En 1970, les Prévert vivent à Paris dans un appartement au-dessus du Moulin Rouge, ils sont locataires et veulent acheter une maison à la campagne, près de la mer tout en conservant l’appartement à Paris pour faire des allers retours. Ils trouvent cette maison qu’ils achètent en 1970, il y a un an de travaux qui seront réalisés par Alexandre Trauner, il va surtout remanier l’intérieur de la maison, l’extérieur pas tant que cela excepté la cuisine et la véranda derrière qui seront rajoutées. C’était une maison très enfermée, très sombre, il va ajouter beaucoup de lumière, beaucoup de clarté …

Les Prévert emménagent en 1971, et de 1971 à 1975 ils passent le printemps et l’été ici, l’automne et l’hiver à Paris. A partir de 75, ils s’installent définitivement ici car Jacques Prévert a un petit peu abusé de la cigarette, il est malade, il a un cancer des poumons et à partir de 1975, il ne peut plus se déplacer. Il passe les deux dernières années de sa vie ici, il meurt en 77 et est enterré dans le cimetière du village. Janine Prévert va continuer de vivre ici et  va reprendre le rythme de vivre six mois ici et six mois à Paris, elle décède en 1993. Avant de mourir, elle émet le souhait que la maison devienne un lieu public qui soit consacré à l’œuvre de son mari. Après son décès, sa petite fille vend la maison au Conseil départemental de la Manche en 1994 et le musée ouvre en 1995.

Nous sommes ici dans l’ancienne salle à manger où la cheminée est toujours présente, tout est resté identique, seul les meubles sont restés dans la famille, les sols, les murs , l’emplacement des pièces sont toujours les mêmes également ; ici c’est notre salle d’exposition temporaire.

Cette année, c’est une rétrospective des œuvres de Jacques Prévert qui s’appelle «Jacques Prévert, portrait d’un artiste». Elle est en place depuis l’année dernière dans le cadre des quarante ans de la mort de Jacques Prévert, c’est une exposition assez généraliste qui brasse toute sa carrière artistique et les différents domaines dans lesquels il a exercé. Il y son enfance avec ses influences, ensuite il a travaillé pour le théâtre puis le cinéma avec Carné notamment, on y voit les films d’animation puis on passe à la chanson avec Joseph Kosma, à la poésie et aux collages. Puis il y a un dernier panneau qui montre que l’œuvre de Jacques Prévert a continué à vivre après sa mort. Cette collection du département de la Manche appartient au musée Jacques Prévert, ce sont des éditions, des tirages, des photos, des partitions, des collages originaux.

Une petite terrasse à l’extérieur, fleurie à la saison des camélias, accueille les gens lorsqu’il fait beau, ils peuvent se poser et profiter de l’endroit.»

 

Cette terrasse donne également sur la cuisine.

 

Que ce soit à l’époque des Prévert ou maintenant, la pièce principale de la maison est à l’étage. C’est ici qu’ils passaient le plus clair de leur temps, nous voyons  des photos où ils sont tous les deux, cela devait être peu de temps après l’achat de la maison car le jardin n’est pas très fourni encore. C’est la plus belle pièce avec un beau volume, très lumineuse même quand il ne fait pas très beau. C’est ici qu’il travaillait, sur une grande table, ce n’est pas la même qu’autrefois mais nous en avons gardé l’esprit. Aujourd’hui, dans cette pièce sur cette grande table, on présente des petits ateliers où les visiteurs peuvent faire des petits jeux poétiques comme des calligrammes ou des choses un peu plus artistiques comme des collages parce que Prévert a beaucoup fait de collages. Il y a des canapés où les visiteurs peuvent s’installer, des livres sont mis à disposition pour faire un petit coin lecture et découvrir un peu plus en profondeur l’œuvre de Prévert. Dans la grande armoire, nous avons notre collection d’œuvres originales, les œuvres de Jacques Prévert et de ses amis car il avait beaucoup d’amis artistes, on retrouve des écrits de Marcel Duhamel ou de ses amis surréalistes. Au-dessus de la cheminée, il y avait un petit Picasso, maintenant c’est une reproduction.

 

«Nous sommes ici dans l’ancienne chambre d’amis, dans cette petite pièce nous présentons des collages originaux de Jacques Prévert. C’est un aspect un peu méconnu de grand public, il a commencé à la suite d’un accident où il a perdu l’usage de ses mains, et pour se rééduquer, le médecin lui avait conseillé de faire des pratiques manuelles, il a décidé de se mettre au découpage et a fait des collages. L’usage de ses mains est revenu petit à petit mais il s’est pris de passion pour cette pratique là, c’était surtout des cadeaux qu’il faisait à ses amis ou des cartes de bonne année, et ensuite il y a fait des messages poétiques. Nous essayons de faire découvrir cet aspect de Jacques Prévert, nous présentons en général sept ou huit collages car la pièce est très petite, qui tournent tous les ans car nous devons en avoir une trentaine.

À partir du mois de mai, nous allons présenter des costumes de cinéma, une partie de ces collages sera présentée dans l’atelier et cette pièce va être transformée pendant six mois. Nous avons dans notre collection des costumes de cinéma, il y en a quelques uns des films «Les enfants du paradis» et «Les visiteurs du soir». Il y aura également des chapeaux.

La dernière pièce de l’étage est la chambre des Prévert, nous y mettons davantage en avant le côté poète, au mur nous des extraits d’un livre qui s’appelle «Arbres» dont Jacques Prévert a fait les textes, les dessins ont été réalisés par Georges Ribemont-Dessaignes, un ami de Jacques Prévert. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres de collaboration, il aimait beaucoup travailler avec les autres et il a fait beaucoup de livres où il écrivait les textes et quelqu’un d’autre l’illustrait soit par des gravures, des photos, des dessins.

Il y a beaucoup d’exemples, il en a fait avec Picasso, avec Jacqueline Duhême, il y une vitrine dans laquelle nous avons voulu montrer comment Prévert travaillait, nous avons pris son deuxième recueil «Spectacles», on part de la lettre d’une amie qui annonce qu’il est en train de travailler, on passe par les brouillons pour arriver tout au bout jusqu’au livre fini avec le passage manuscrit, la machine à écrire, avec les ratures, les réécritures, les relectures. C’est aussi pour casser l’image que l’on a souvent de Prévert, qui écrivait comme il parlait, et en fait non il y avait du travail.

Et il ne gardait pas rien donc c’est assez rare d’avoir cela. Enfin vous avez des tiroirs que vous pouvez ouvrir dans lesquelles il y a un petit panel de plein de choses qu’il a pu écrire au cours de sa vie. Une réponse à son éditeur, des lettres manuscrites, des ouvrages originaux, des brouillons avec le côté un peu ludique des tiroirs qui permet aussi de conserver les œuvres de la lumière.»

La Maison Jacques Prévert accueille environ treize mille visiteurs par an, une très belle fréquentation gérée par deux personnes permanentes à l’année et des intervenants en saison. Devenue lieu de mémoire, outre la visite de la maison, elle propose des ateliers, des animations et des expositions temporaires et participe à de grands événements nationaux comme le «Printemps des poètes», la «Nuit des musées» ou les «Journées européennes du patrimoine».

Pour en savoir un peu plus sur le poète.

«Jacques Prévert est né le 4 février 1900, il grandit à Paris entouré de ses parents, Suzanne et André et de ses frères, Jean et Pierre. Sa mère lui apprend à lire avec des contes et lui donne le goût de la lecture, son père partage ses passions avec son fils en l’emmenant au théâtre de l’Odéon, au musée du Luxembourg , dans les cafés ou en balade dans les rues de Paris. Employé à l’Office central des Oeuvres charitables, il est chargé de la répartition des aumônes aux familles pauvres, Jacques l’accompagne souvent dans ses visites. Chaque semaine, toute la famille se rend au cinéma.

En 1923, il part au service militaire où il rencontre Yves Tanguy (futur peintre) et Marcel Duhamel (futur éditeur), ils deviennent inséparables. Il voit beaucoup de films grâce à son frère Pierre devenu projectionniste puis se lit d’amitié avec plusieurs membres du mouvement surréaliste (André Breton, Robert Desnos…). Il se lance dans l’écriture de textes  au début des années trente, d’abord pour le théâtre pour le groupe Octobre puis pour le cinéma qui devient sa principale activité, «Drôle de drame» en 1937, «Quai des brumes» en 1938…

Il commence à écrire des chansons pour les films, «Les enfants qui s’aiment» dans «Les portes de la nuit» puis il s’entoure de compositeurs comme Joseph Kosma,on se souvient du titre «Les feuilles mortes».

Au début des années soixante, il est un auteur à la mode chanté par les interprètes de Saint Germain des Près comme Juliette Gréco, Yves Montant, Catherine Sauvage

La poésie a  été présente dès 1930. Le 10 mai 1946, sort en librairie son premier recueil de poésies «Paroles», en 1951 parait son deuxième recueil «Spectacle»… Parallèlement, d’autres livres paraissent associant texte et travail d’artistes amis «Contes pour enfants pas sages» en 1947 avec des dessins d’Elsa Henriquez…, en 1973 «Eaux-fortes» avec des gravures de Marcel Jean.

Il s’initie à l’art du collage, le premier connu date de 1943 «Portrait de Janine» puis pour se rééduquer en 1948 à la suite d’un grave accident, il se prend de passion pour cet exercice qui se transforme en une pratique assidue. Originellement, des cadeaux offerts à ses proches, les collages vont être peu à peu présentés au public et faire l’objet d’expositions.

Il disparaît le 11 avril 1977,il repose dans le cimetière d’Omonville la Petite, aux côtés de sa femme Janine et de sa fille Michèle, près de son ami Alexandre Trauner.

Pendant cinquante ans, cet artiste libre a produit une oeuvre foisonnante, empreinte d’humour, de fantaisie et de non-conformisme. Capable aussi bien d’ironie que de violence, de grâce que de tendresse, Jacques Prévert a su bousculer les cadres établis pour mettre à l’honneur la liberté et le bonheur.»

 

Le bonheur en partant m'a dit qu'il reviendrait. – Jacques Prévert
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Par Maryline Bart, le .

Crédits

Jacques Prévert

Maryline bart