L’Orchestre Régional de Normandie

Un Orchestre proche du public et des normands

L'orchestre Régional de Normandie

Orchestre Régional de Normandie

4 rue de l’hôtellerie

14120 Mondeville

02 31 82 05 00

http://orchestrenormandie.com

J’avais eu l’occasion de croiser Alexandra Le Gallais, qui m’avait donné envie d’en connaître davantage sur l’Orchestre Régional de Normandie et nous avions alors convenu de nous revoir. C’est chose faite, Alexandra nous reçoit à l’Hôtellerie, un bâtiment mis à la disposition de l’Orchestre Régional de Normandie par la mairie de Mondeville, partenaire privilégié, en compagnie de Léa Calu, assistante de communication.

La particularité de l‘Orchestre Régional de Normandie est que, même s’il est en résidence à Mondeville, il n’a pas de lieu propre de concert comme peut l’avoir l‘Opéra de Rouen qui travaille principalement au sein même de l’opéra. C’est ce qui renforce son caractère et sa mission régionale puisque la diffusion se fait sur l’ensemble du territoire régional.

La résidence permet cependant de travailler étroitement avec la salle de la Renaissance, sept spectacles y sont proposés chaque saison.

Ce bâtiment s’appelle l’Hôtellerie parce qu’à l’époque de la Société Métallurgique de Normandie, c’est le lieu d’accueil des cadres, les cadres qui n’habitaient pas sur le site ou dans le coin et qui venaient travailler ici, étaient logés dans ce bâtiment. Il nous est mis à disposition par la ville et on a la chance d’avoir des locaux qui sont très agréables. Ils ont fait l’objet de travaux, notamment acoustiques parce que nous avons deux petites salles de répétition au rez-de-chaussée qui nous permettent de faire répéter nos musiciens quand ils sont dans des effectifs plus réduits, sinon nous avons la chance aussi d’avoir une salle au sein même de la Renaissance, la Salle des Billards qui nous permet de répéter avec notre effectif de dix huit ou vingt musiciens. Donc sur le site, nous avons deux lieux dans lesquelles nous sommes à demeure.

L’orchestre est une formation instrumentale qui a été fondée en 1982 au moment de la décentralisation, il était important de créer des orchestres au sein des régions. Cela s’appelait à l’époque l’Ensemble de Basse Normandie qui est devenu l’Orchestre de Basse Normandie, et depuis un peu plus d’un an Orchestre Régional de Normandie.

Nous avons dix huit musiciens permanents, douze cordes (violon, alto, violoncelle, contrebasse), cinq musiciens à vent (flute, clarinette, hautbois, cor, basson ) et une pianiste. Notre  effectif est de dix huit musiciens permanents mais nous avons régulièrement des programmes un peu plus important, des programmes d’orchestre qui nécessitent de faire appel à des renforts, à un percussionniste assez souvent, cela peut être aussi une harpiste, plus de violons, plus de cors etc mais de base il y a dix huit musiciens permanents.

Dans l’équipe administrative, nous sommes  dix personnes à la fois pour la partie régie, technique et pour la partie administration pure. Guillaume Lamas dirige l’orchestre depuis 2006, il détermine et élabore la programmation chaque saison en concertation avec Jean Deroyer, le chef d’orchestre principal, qui accompagne les musiciens tout au long de la saison. Il arrive cependant que d’autres chefs d’orchestre soient invités lorsque Jean ne dirige pas l’orchestre On a ce souhait aussi d’alterner la direction de l’orchestre car cela apporte de la nouveauté pour les musiciens, une nouvelle façon de travailler, d’aborder les œuvres, c’est assez enrichissant finalement.

C’est assez particulier dix huit musiciens, c’est un effectif assez réduit. C’est le plus petit orchestre de région, cela tourne souvent plutôt autour de vingt cinq ou trente musiciens. Mais notre effectif  nous permet une souplesse dans la programmation avec des sujets très variés.

Nous avons été parmi les premiers à créer et proposer des ciné-concerts, cela va être aussi des spectacles jeune public, des spectacles qui mêlent théâtre et musique, musique et danse, musique et cirque pour avoir vraiment une programmation variée qui puisse concorder avec notre projet  régional et notre mission qui est de diffuser la musique classique le plus largement possible en ayant une programmation qui s’adapte à tous les publics et tous les types de territoire.

C’est compliqué pour nous d’aller avec une symphonie de Beethoven dans un petit village de l’Orne ou de la Manche, c’est pour cela aussi que nous avons une variété dans la programmation, ce qui ne nous empêche pas aussi de faire des projets purement classiques comme  on a pu avoir en janvier au théâtre de Caen avec David Grimal.

Il y a environ quarante projets par saison, c’est très dense et il y a un rythme assez intense, cela fait en moyenne un projet par semaine, mais nous scindons aussi les musiciens en groupes, c’est le cas en ce moment. Nous avons d’un côté un quatuor à cordes qui tourne avec un comédien humoriste Frédérick Sigrist sur un spectacle qui mêle humour et musique autour des génériques de séries télévisées.

Nous avons une autre partie de l’orchestre, les vents qui sont sur un ciné-concert destiné au tout jeune public dès trois ans, ils sont cinq vents et un percussionniste qui vient de l’extérieur. Le ciné-concert tourne autour de trois courts métrages d’animation, des films à destination du jeune public qui permettent par le biais du cinéma de découvrir des musiciens classiques. C’est amusant d’ailleurs de voir chez les petits l’attrait à la fois par l’image, par ce qui se passe à l’écran, ils sont vraiment plongés dedans, on est dans la salle de cinéma, il y a l’écran géant, on fait le noir et le spectacle se joue aussi avec les musiciens, avec les percussions et c’est toujours impressionnant de voir un coup de grosse caisse au moment où y a une chute à l’écran, les petits sont très réactifs. Ils découvrent ainsi la musique classique comme cela.

Un troisième groupe, donc le reste des musiciens de l’orchestre sont eux sur un projet qui mêle théâtre et musique « Les déferlantes » qui est tiré du roman de Claudie Gallay du même nom.

C’est assez révélateur de l’activité de l’orchestre qui propose sur un mois pas loin de trente cinq ou quarante représentations puisqu’on a trois groupes sur des projets vraiment différents et on va partout dans le département.

A la fin du mois, tout l’effectif de l’orchestre est à nouveau rassemblé pour un projet purement classique avec un pianiste invité Vassilis Varvaresos pour un concerto de Chopin et une symphonie de Beethoven. On revient sur l’effectif complet de l’orchestre et un projet purement classique.

On essaie vraiment d’être présents sur tout le territoire, on va dans des petits villages de  quatre cent habitants, nous sommes beaucoup en soutien de ces organisations, parfois ce sont des maires de petites communes qui n’ont pas toujours l’habitude de programmer des spectacles donc nous sommes vigilants pour bien les aider, les accompagner, notamment au niveau de la communication. On leur fournit des affiches, des tracts pour que l’information circule au maximum mais on a aussi des renforts en embauchant des jeunes qui vont eux aussi aller tracter, mettre des affiches. Et là pour l’anecdote, la personne que j’ai recruté recemment pour un village en Seine Maritime, est revenue en me disant : « Oh la la, j’ai fait plusieurs villages avant de trouver une boulangerie où mettre une affiche. » C’est aussi l’objectif d’aller comme ça dans des zones très rurales pour que ces gens là après leur travail n’aient pas 45 minutes de route à faire pour aller voir un spectacle dans une ville plus grande.

Nous avons également un partenariat avec la commune des Pieux dans la Manche et plus particulièrement, avec l’école de musique qui a la chance d’avoir un très bel auditorium et une belle programmation musicale chaque saison, et ils invitent l‘Orchestre deux ou trois fois par saison.

Cela peut faire un peu cliché mais on a envie que cet Orchestre Régional soit celui des habitants de la région, qu’ils se l’approprient, qu’ils sachent qu’on existe, qu’on vient chez eux, qu’il n’y a pas de barrières, on a envie que tombe cette peur de franchir les portes de la salle de concert classique. Et cela fait toujours plaisir lorsque l’on se rend dans des endroits où les gens se sentent concernés.

C’est assez révélateur lors des Journées du Patrimoine au mois de septembre. Là encore, l’orchestre est éclaté, on a en général cinq groupes de musiciens et l’on propose des concerts sur les trois jours. L’an dernier c’était quatorze concerts sur l’ensemble du territoire où chaque groupe allait dans de toutes petites communes qui profitent de cet évènement pour valoriser, une chapelle, une église, une grange… et les gens, les mairies sont contents que même leurs petites communes puissent en bénéficier.

Notre mission passe aussi par la médiation culturelle, c’est vraiment une volonté de Guillaume Lamas de développer ce volet là qui va de pair avec la programmation artistique. Toute la saison, on a des projets de médiation qui sont destinés à des publics dit « empêchés » ou « éloignés », qui ne peuvent pas se déplacer aux spectacles, ce sont les personnes âgées en maison de retraite, en ehpad, les personnes hospitalisées, les personnes incarcérées. Nous allons chaque saison dans les prisons pour proposer des spectacles et également, beaucoup dans le milieu scolaire de la maternelle jusqu’au lycée.

Nous faisons énormément d’interventions voire des concerts  au sein même des établissements scolaires soit dans les classes, soit dans les gymnases, même dans les ateliers car nous allons souvent dans les lycées professionnels.

Je me souviens de moments assez forts et assez sympas où la rencontre commençait par une visite des ateliers, de carrosserie ou autre, où les élèves proposaient une visite aux musiciens pour leur montrer ce qu’eux faisaient, ce qu’étaient leur quotidien et leur apprentissage et ensuite un concert était organisé au sein de l’atelier. L’atelier devenait un lieu de spectacle, c’était très sympa. Ces rencontres-là se passent avec des projets de jumelage, d’éducation artistique, c’est un dispositif qui est mis en place avec la DRAC, donc financé par la DRAC principalement et qui nous permet d’intégrer des lycéens à des projets de création .

En 2016, nous avons créer un opéra Carmen dans une version réduite qu’on appelait « opéra de poche », ce n’était pas cinquante musiciens, mais vingt musiciens sur scène, ce n’était pas quinze chanteurs, c’en était quatre, et on a intégré des élèves de cinq lycées professionnels. Il y avait une filière ébénisterie, une filière métallurgie… donc c’était très éloigné du monde du spectacle mais ils ont mis leur compétences et leur savoir-faire au service du spectacle en créant les décors, les accessoires…

C’était assez unique et assez fort parce qu’ils ne connaissent pas notre univers, notre milieu. On les a emmené avec nous dans ce projet de production et de création d’un spectacle.

Nous n’avons donc pas de salle à proprement dit mais outre les rendez-vous réguliers à la Renaissance, nous avons aussi des rendez vous réguliers à l’auditorium de l’Abbaye aux Dames, nous sommes orchestre régional donc en partenariat avec la région qui nous met à disposition régulièrement l’auditorium de l’Abbaye aux Dames. Tout au long de la saison il y a des concerts dans cet auditorium, plutôt musique de chambre et on constate que l’on a un public qui se fidélise.

Comment choississez-vous les lieux ?

C’est différent à chaque fois, c’est rarement les gens qui nous contactent mais cela arrive, en plus nous avons des partenariats réguliers maintenant, on évoquait Les Pieux tout à l’heure, sur Caen on travaille aussi beaucoup avec le Théâtre de Caen, on a aussi cette chance d’avoir des rendez-vous tout au long de la saison, on a d’autres partenaires comme par exemple le Théâtre de l’Arsenal à Val-de-Reuil…

Chaque saison, on se contacte et on voit quels projets sont susceptibles de les intéresser. Les partenariats peuvent toujours être remis en cause, rien n’est figé, il n’y a pas de conventions, c’est vraiment un échange, une relation de confiance.

Comme on va un peu partout, cela se sait et il arrive qu’un maire m’appelle en me disant : » Vous étiez chez mon voisin, comment on fait pour vous avoir. »

Mais pour la majorité, c’est plutôt moi qui démarche, qui envoie des informations, qui fait connaitre la programmation… Comme on a beaucoup de projets qui s’enchainent, on fait aussi attention à être présent un peu partout .

L’an dernier nous avons eu une saison très riche, pour vous donner un ordre d’idée, la quarantaine de projets a représenté concrètement trois cent vingt prestations dans cent cinquante communes de la région, c’est assez intense, cela nous fait faire pas mal de kilomètres.

On fait aussi de temps en temps des projets littérature et musique et on a aussi des récitals littéraires, un récitant et généralement une pianiste, c’est très minimaliste et très intimiste. Les mots et les notes alternent pour illustrer une œuvre et retracer une ambiance. Cela a été le cas en novembre dernier  pour « Les chaussures italiennes » le roman de Henning Mankell, écrivain Norvégien, c’était dans le cadre du Festival des Boréales, avec notre pianiste Jeanne-Marie Golse sur des musiques de Arvo Pärt et YannTiersen, et Jean-Marc Talbot récitant, un comédien qui travaille à Rouen, un très bon comédien qui a une voix rauque très reconnaissable qui nous transporte complètement.

J’aime beaucoup ces moments, ce sont des petits bijoux. On en refera deux la saison prochaine, un autour de Vingt mille lieues sous les mers et un autre dans le cadre des Boréales autour de Rosa Candida, un roman de Audur Ava Ólafddóttir, un petit roman d’initiation d’un jeune homme qui passe de l’adolescence à l’âge adulte, qui devient papa ….

Vous souhaitiez vraiment insister sur un point Alexandra.

Je crois que pour une présentation de l’Orchestre Régional de Normandie, ce qui ressort c’est l’éclectisme de la programmation, la diversité des projets, la place majeure accordée aux actions culturelles afin de toucher de nouveaux publics, de les sensibiliser à la musique classique et à la Culture en général. Aussi, notre petite taille (dix huit musiciens permanents et neuf personnels administratifs à temps complet) nous confère un côté familial assez unique : c’est un orchestre proche du public et des normands !

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Par Maryline Bart, Elisabeth Augeul, le .

Crédits

Orchestre Régional de Normandie