Dernière soirée du festival à La Renaissance

X-Adra, portraits de six jeunes femmes, libérées des geôles syriennes

La Renaissance

Rue de l’Hôtellerie

14120 Mondeville

02 31 35 65 94

 

Jeudi 7 février 2019

X-Adra

 

Nous avons eu le plaisir d’assister à la dernière représentation, à la salle de la Renaissance, du festival A Partir du Réel. Un grand Merci à Katell Bidon, à son équipe et aux partenaires du festival pour nous avoir offert tout au long de ces rendez-vous une programmation d’une grande richesse.

A travers les spectacles, les expositions et les diverses manifestations, nous avons eu le loisir de découvrir des auteurs, des comédiens, des danseurs, des chanteurs de grand talent et au fil de cette belle aventure, l’occasion de savourer de très beaux moments. Moments de rencontres , moments de partage plein d’humanité et de délicieux  moments de détente avec l’occasion de combler une petite faim grâce à l’équipe de Sauvages sur un plateau, présents pour nous proposer soupes et en-cas, et de quoi satisfaire notre goût des livres où par la présence de la librairie Euréka Street.

« Apprendre à voir le monde différemment, ensemble, telle est l’envie qui traverse cette 4ème édition. » dixit Katell Bidon.

Mission hautement remplie, pour ce quatrième festival, qui ne peut que nous faire attendre avec impatience la 5ème édition.

 

Pour cette dernière représentation, c’est à six jeunes femmes revenues de la prison de X-Adra en Syrie que la parole est donnée, grâce au travail du metteur en scène Ramzi Choukair à partir du procédé de la parole accompagnée et du recueil de témoignages.

Une magnifique et poignante parole.

Six syriennes, militantes de l’opposition dans les années 80 ou jeunes activiste de la révolution de 2011, ont toutes été incarcérées dans les prisons du régime de Bachar el Assad ou de celui de son père, dans la prison d’Adra à Damas pour la plupart d’entre elles avant d’être contraintes à l’exil. Elles vivent désormais en Allemagne et en France.

Des témoignages de ces deux générations de détenues, le metteur en scène Ramzi Choukair et le dramaturge Wael Kadour ont composé la trame dramatique d’un spectacle dont elles sont les actrices.

Dans ce récit polyphonique qui tisse des liens entre leurs six trajectoires, ne transparait pas uniquement l’enfer de la détention et les mécanismes de déshumanisation dont use le régime. Chacune avec ses mots, relate son expérience avec les liens fraternels, filiaux, amoureux, qui lui ont insufflé la force de survivre et de continuer à résister. En convoquant celles et ceux qui ont fait rejaillir la vie là où tout était mis en œuvre pour l’anéantir, se dit aussi l’espoir et une foi inébranlable en la liberté.

Ayat Ahmad, née en 1990 à Damas, est arrêtée devant la faculté de lettres avec une cinquantaine d’autres étudiants en 2009 pour avoir distribué des tracts réclamant simplement une ville plus propre. Elle passera neuf mois sous la torture de la Sécurité politique et militaire. A sa libération,  elle est mariée contre son gré. Lorsque s’embrase la révolution syrienne, en février 2011, elle quitte le mari qu’elle n’a pas choisi et s’engage dans la mobilisation civile. Elle sera de nouveau incarcérée en avril 2012 puis en février 2013. En 2014, elle fuit la Syrie par la frontière turque. Elle est aujourd’hui réfugiée à Toulouse, où elle fait des études de sciences politiques et de journalisme.

Kenda Zaour. Originaire de Soueïda, née en 1986, elle vivait à Jaramana dans la banlieue sud-est de Damas. En 2012, elle manifeste au cœur de la capitale, avec sa jeune sœur et deux amies en robes de mariées, pour réclamer la libération des prisonniers. Arrêtées, elles seront libérées quelques mois plus tard lors d’un échange d’otages iraniens de l »Armée syrienne libre (ASL) contre deux mille soixante prisonniers du régime. Elle s’exile au Liban, puis en Turquie et en Grèce avant d’arriver à Berlin.

Ali Hamidi, transgenre né en 1990 sous le nom de Ola, a été forcé à se marier avec un cousin en 2008. Il quitte peu après la Syrie pour la Jordanie. Il y revient au début de la révolution, à laquelle il participe en aidant les déserteurs de l’armée (beaucoup d’appelés ne veulent pas aller faire la guerre) à fuir en Jordanie. Arrêté en octobre 2012, il est libéré sous caution en 2014 et s’enfuit en Turquie. Réfugié en Allemagne, il a pu effectuer son changement de sexe en 2016.

Hend Alkahwaji, née en 1956, est arrêtée en juillet 1982 alors qu’elle distribue des tracts pour demander le retrait de l’armée syrienne au Liban. Elle sera incarcérée durant huit mois. Puis en 1984, alors qu’elle a repris ses activités militantes au Parti du travail communiste (interdit). S’ensuivent huit mois d’interrogatoire et d’isolement puis trois ans à la prison de Quatana et quatre ans et demi à celle de Duma. En 2013, elle quitte la Syrie avec son nouveau compagnon. Ils passent par le Liban avant d’arriver à Lyon.

Mariam Hayed, née en 1990 à Atareb, dans la région d’Alep. Étudiante, elle participe aux manifestations avant de se faire arrêter en janvier 2014. Pour faire cesser la torture à laquelle elle est soumise, elle accepte de faire une fausse déclaration télévisée. Libérée sous caution, elle fuit en Turquie où elle fait une demande d’asile pour la France.

Rowaida Kanaan est née en 1976. Elle est arrêtée dès le mois d’août 2011 pour sa participation aux manifestations. Puis de nouveau en 2012, puis en 2013, lors d’un contrôle à un checkpoint alors qu’elle est avec un ami. Il n’en ressortira pas vivant. Elle est libérée lors d’un échange de prisonniers entre les rebelles et le régime en mars 2014. Depuis 2017, elle vit à Paris après avoir fui par la Turquie.

Hala Omran, comédienne Franco-Syrienne, née à Damas, a été formée à l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Damas. Issue d’une famille de poètes, Hala Omran s’est toujours intéressée à la poésie et à la langue arabe.

 

 

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Par Maryline Bart, le .

Crédits

Darek Szuster