Frédéric Jacquot

Pour parler de cette jolie pièce

Frédéric Jacquot

Je retrouve les comédiens à la sortie de la pièce « 2m74 », Frédéric Jacquot, Elisa Birsel et Nicolas Georges, pour m’entretenir avec Frédéric Jacquot qui a également signé la mise en scène. Nous nous retrouvons dans le calme du jardin qui jouxte l’Atelier Florentin en compagnie de la charmante Lyna Veyrenc, comédienne dans la pièce « Maupassant au bord du lit ».

Frédéric, tu as à cœur de parler de cette pièce.

Oui, j’aimerais réellement faire connaître cette pièce « 2m74 » qui est le travail d’une auteure Martine Paillot. La production des nouveaux auteurs est un travail difficile, de longue haleine et cela fait maintenant plusieurs années que nous mettons en avant cette pièce que l’on joue un peu partout et que l’on souhaiterait reprendre à Paris. Mais ce n’est pas simple car c’est une première pièce pour Martine Paillot et les conditions de production sont telles que c’est très difficile. On espère trouver un lieu qui nous accueille car finalement jouer à Paris, c’est aisé mais nous souhaitons le faire dans de bonnes conditions et nous tentons de trouver des partenaires pour nous aider à le faire. Nous espérons le faire cette année. Nous avons joués le « Maupassant » l’année passée pendant cinq mois au théâtre de l’Archipel. C’était une belle occupation.

 

Lire l’article 2m74

 

Peux-tu m’en dire plus sur ta compagnie ?

Une partie importante de la compagnie est d’avoir plusieurs spectacles dans le « catalogue », je n’aime pas trop ce mot, pour pouvoir jouer régulièrement et présenter les spectacles, d’abord à Paris, beaucoup en tournées et ici à Avignon.

Avoir un spectacle comme « Maupassant au bord du lit » qui est une adaptation des nouvelles de Maupassant et qui « entre guillemets » est toujours un bon produit, c’est très vendeur. On se dit ici à Avignon que Maupassant travaille pour nous et à l’opposé pour une pièce comme « 2m74 » qui est une création, ce n’est pas forcément facile.

Tout ce qu’on peut faire pour promouvoir ce genre de pièce, on le fait. C’est ce qu’il y a de plus sain pour le théâtre en lui-même, cela fait un peu pompeux de dire cela mais on jouera toujours Molières ou Maupassant sans doute, mais s’il n’y a pas de nouveaux auteurs qui émergent, cela va être une sclérose, on va faire des relectures sans arrêt. Donc voilà c’est pour cela que l’on a cette pièce aussi et qu’on défend cette œuvre-là.

Le propos de la compagnie, c’est d’être sur l’ensemble du répertoire, pas fixé sur un genre mais prendre aussi ce risque-là et porter ce projet. C’est vraiment quelque chose qui nous fédère et nous unit, on a un chalenge qui dépend de nous et puis on a la chance de travailler avec Martine Paillot, c’est une concertiste et c’est une dame qui vit dans le monde des chevaux, elle connait bien le sujet. Elle nous aide également dans la production du spectacle en défendant son œuvre. Donc ça c’est vital, voilà un peu le propos de la troupe qui existe depuis longtemps.

J’ai créé cette compagnie, l’Atelier Théâtre Frédéric Jacquot il y a trente ans mais j’ai fait un entre-temps plutôt consacré à l’enseignement. J’avais été choisi par mon professeur qui était Raymond Gérard à Paris pour lui succéder et je me suis occupé d’enseignement pendant vingt cinq ans, c’est quelque chose qui prend tout le temps. C’était une école importante, une soixantaine d’élèves chaque année sur un cursus de trois ans, j’avais cinq professeurs et j’avais créé à Paris un petit atelier théâtre, une petite salle de quarante places qui était le tremplin des élèves, qui leur permettait de faire leurs preuves. J’ai fait cela pendant vingt cinq ans et j’ai tout arrêté il y a quatre ans, un peu égoïstement en me disant que j’allais me réoccuper de moi, de mes spectacles et revenir à la source pour pouvoir jouer des grands classiques et des créations. Pour moi ce qui est important c’est que le spectacle soit intelligent mais surtout divertissant et toujours avoir le public comme leitmotiv.

 

Cela fait plusieurs années que vous faites Avignon ?

Depuis quatre ans, nous faisons Avignon tous les ans avec ces deux pièces, tantôt l’une ou l’autre, tantôt les deux comme cette année. C’est un gros boulot, on nous dit toujours que jouer deux fois ce doit être difficile mais non ce n’est pas de jouer deux fois qui est difficile, c’est de faire tout ce qu’il y a autour qui est épuisant. On est tous « vent debout » contre les relâches qui nous font perdre beaucoup de contacts ou de spectateurs mais finalement tout le monde les apprécient, il faudrait que l’on trouve les moyens de les apprécier mieux. Avignon est physiquement très prenant.

Vous avez des dates prévues en Province ?

Oui, on joue dans toute la France, on est là essentiellement pour rencontrer les programmateurs. Avec chaque pièce on fait en moyenne une dizaine de date par saison, nous avons déjà quelques dates qui étaient prévues avant le festival et qui vont se faire sur les deux pièces. Il y a plusieurs communes où on a joué une des pièces l’année dernière qui sont revenues voir ici la seconde et qui  vont l’acheter et on espère que les nouveaux programmateurs feront quelques dates aussi, en sachant que tout ça c’est pour la saison 2018/2019, c’est un investissement dans le temps.

C’est notre leitmotiv d’aller dans les communes en province, nous avons joué près de Bayonne, dans la région Lyonnaise, dans le Beaujolais, à Nantes, nous allons un peu partout. Nous voyageons un peu, c’est bien mais c’est en général trop rapide, tout est maximalisé, nous ne venons pas faire du tourisme mais nous essayons dans les petits temps que nous avons de découvrir les endroits, au travers de la gastronomie par exemple. Nous visitons plus les restaurants que les musées mais c’est comme ça.

 

C’est une très jolie pièce qui est prenante.

Elle a un peu plusieurs entrées, cela démarre comme une comédie un peu légère et puis cela bascule dans l’émotion progressivement. Lorsque j’en parle dans les rues, je dis, c’est : « C’est du pur grand théâtre à la fois divertissant et intelligent ». C’est un peu prétentieux de ma part et cela fait un peu slogan mais dans la rue, il faut faire vite.

Il y a beaucoup de choses qui sont beaucoup plus légères, plus comédie qui ont le droit de citer aussi et d’autres éléments qui sont beaucoup plus profonds, sensibles, dramatiques… C’est un peu comme Pinter, je peux me permettre de faire le lien car ce n’est pas moi qui ai écrit, il y a des choses qui sont sous-entendues, d’autres que l’on effleure et on laisse le spectateur les recevoir. Et puis on est là pour se divertir en même temps, il y a plein de choses à découvrir, ne serait-ce que la musique, c’est assez riche finalement.

L’auteure est très sensible aux retours, la pièce n’est pas figée du tout, on peaufine au fur et à mesure et cela va même dans l’écriture, le texte n’est pas encore publié pour cette raison.

Donc il faut arriver à en parler…

Tu en parles fort bien et nous ne manquerons pas de relayer ton propos.

Lire l’article Maupassant au bord du lit

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Par Maryline Bart, le .

Crédits

Brigitte Pons