Le musée Yves Saint Laurent
Musée Yves Saint Laurent
5 avenue Marceau
75016 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Après deux années passées aux côtés de Christian Dior, Yves Saint Laurent, alors âgé de 21 ans, lui succède en 1957 à son décès. De 1958 à1960, il réalise six collections chez Dior, le couturier imagine « des vêtements pour les femmes de sa génération et s’éloigne des diktats de l’élégance bourgeoise des années cinquante. »
En bousculant les codes, Yves Saint Laurent apparait fantasque et provocateur. Il est, à cette période d’intensification du conflit en Algérie, appelé sous les drapeaux puis hospitalisé pour une dépression nerveuse. Il est à ce moment licencié par la maison Dior, ce qui pour lui se transformera en une belle opportunité. À Pierre Bergé venu lui annoncer la nouvelle, il répondra : »Nous allons créer une maison de couture toi et moi et tu la dirigeras« .
En 1961, la maison de couture Yves Saint Laurent voit le jour, une magnifique réussite pour ce couple hors norme que forment Yves Saint Laurent et Pierre Berger. Installée provisoirement rue Jean Gougeon avant d’emménager dans l’ancien l’hôtel particulier de l’artiste Jean Louis Forain rue Spontini jusqu’en 1974, la maison de couture rejoindra le 5 avenue Marceau (musée aujourd’hui) pour y vivre près de trente ans au rythme des collections.
Les coulisses
Yves Saint Laurent a l’habitude se rendre au Maroc chaque première quinzaine de décembre et de juin pour dessiner ses collections constituées de plusieurs centaines de dessins. Premier moment, c’est un trait de crayon blanc qui donne l’idée du vêtement. À son retour à Paris, chacun de ces dessins est attribué aux chefs d’ateliers « Tailleurs« , qui réalisent les vêtements structurés et « Flou » qui exécutent les vêtements plus souples. Ceux-ci doivent interpréter les croquis afin de réaliser une »toile » en coton blanc. D’abord travaillée sur un mannequin de couture, la toile est montée, rectifiée, jusqu’à ce qu’elle traduise l’intension première du couturier. Les toiles sont ensuite présentées à Yves Saint Laurent sur un mannequin vivant dit »mannequin cabine » pour validation. On choisit alors les tissus selon différents critères : le poids, le tombé, la couleur, le motif. La toile est démontée par le chef d’atelier afin de constituer le patron qui permettra de découper les morceaux du vêtement afin qu’ils soient « montés » par une première main qualifiée aidée d’une seconde main. Le modèle est enfin présenté à Yves Saint Laurent, inséré définitivement dans la collection et accessoirisé. Dans le même temps, le service de presse prépare le défilé puis assurera le suivi des campagnes photographiques. Dès le lendemain, les clientes sont reçues dans les salons de la maison de couture afin de commander les modèles de leur choix auprès de leur vendeuse attitrée.
Pendant quarante ans, la maison Yves Saint Laurent fut cette « admirable machinerie » pour reprendre les mots de Yves Saint Laurent, qui comptait plus de deux cent personnes et au sein de laquelle a régné un véritable esprit de famille
Au rythme des collections
Le lundi 29 janvier 1962, la comtesse de Paris, la princesse Anne, la baronne de Rothschild, Roland Petit, Zizi Jeanmaire, Françoise Sagan … et les professionnels de la mode se pressent pour assister au retour du « petit prince de la mode ».
De Dior, Yves Saint Laurent a gardé la rigueur de la construction du vêtement mais il libère le corps de la femme. Vêtement pratique aux formes simples qui sculptent la silhouette, le caban est le premier vêtement à être présenté. Puisant son inspiration dans la garde-robe masculine, le couturier continue de décliner le vestiaire masculin -marinières, paletots…- pour introduire en 1966 le smoking qu’il adapte au corps féminin.
« Pour une femme, le smoking est un vêtement indispensable avec lequel elle se sentira continuellement à la mode car c’est un vêtement de style et non un vêtement de mode. Les modes passent, le style est éternel. »
En 1968, la saharienne inspirée des tenues portées par les hommes occidentaux en Afrique, est un vêtement confortable adapté à la chaleur estivale. Ave Yves Saint Laurent, elle incarne l’élan de liberté des années soixante. Puis le jumpsuit (combinaison-pantalon) qui dessine une silhouette très élégante.
« Mon style est androgyne. parce que j’avais remarqué que les hommes avaient beaucoup plus confiance en eux, dans leurs vêtements et que les femmes n’avaient pas tellement confiance en elles. Alors j’ai cherché à leur donner cette confiance et à leur donner la ligne.
En 1974, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé achètent à Marrakech « la maison du bonheur dans la sérénité près du jardin Majorelle qu’ils acquéreront en 1980 pour le préserver d’un projet immobilier. C’est aussi installation dans l’hôtel particulier « Second Empire » de l’avenue Marceau.
Proche du milieu des arts et de la culture, Yves Saint Laurent rend hommage en 1979 à Serge Diaghilev et à sa collaboration avec Picasso. Il s’inspire du ballet Parade présenté au Théâtre du Châtelet en 1917.
« J’ai vu à la Nationale l’exposition des maquettes des ballets de Diaghilev. Après l’inspiration orientale de Bakst, on sentait la rupture de la guerre, et aussi un nouvel élan, une flamme, avec Le tricorne et Parade. À partir de ce moment, ma collection s’est construite comme un ballet. J’ai brodé sur Picasso, sur un cubisme un peu doux, sur les arlequins, la période bleue, la rose, celle du Tricorne. […] Certaines collections, comme celle-ci, m’apparaissent comme spéciales, je ressens une joie artistique. […] Tout a changé, les robes sont plus courtes, les décolletés plus profonds, les épaules plus larges. […] J’ai travaillé avec des à-plats de couleurs, comme un peintre. Il y a beaucoup de choses en moi que j’exprime dans cette collection. Je projette mes admirations, en peinture ou en littérature. Je me défoule avec la haute couture. »
Les adieux
Yves Saint Laurent annonce le 7 janvier 2002 qu’il met fin à sa carrière de couturier.
Le 31 octobre 2002, la maison de couture ferme ses portes. Reconnue d’utilité publique en décembre de la même année, la fondation Pierre Bergé /Yves Saint Laurent a pour principale mission de conserver l’ensemble de l’œuvre du couturier soit plus de quarante ans de création.
De 2004 à 2016, elle organise en ses murs, dans le bâtiment de l’ancienne maison de couture, des expositions de mode, de peintures, de dessins … et des expositions dédiées au couturier, dans le monde entier.
Le 1er juin 2008, Yves Saint Laurent décède à Paris, à l’âge de 71 ans.
Le 8 septembre 2017, Pierre Bergé s’éteint à Saint Rémy de Provence, l’âge de 86 ans.
“ Comme le matin de Paris était jeune et beau la fois où nous nous sommes rencontrés ! Tu menais ton premier combat. Ce jour-là, tu as rencontré la gloire et, depuis, elle et toi ne vous êtes plus quittés. Comment aurais-je pu imaginer que cinquante années plus tard nous serions là, face à face, et que je m’adresserais à toi pour un dernier adieu ? C’est la dernière fois que je te parle, la dernière fois que je le peux. Bientôt, tes cendres rejoindront la sépulture qui t’attend dans les jardins de Marrakech. […] Pour te quitter, Yves, je veux te dire mon admiration, mon profond respect et mon amour. ” – Pierre Bergé