Les éditions MØTUS

Quand lire rime avec Plaisir !

 

Exposition des éditons Møtus du 4 mai au 27 juin 2018 à la médiathèque  Le Phénix à Colombelles(14)

Les éditions Møtus seront également présentes au salon des livres de Caen(14) du 25 au 27 mai 2018

http://www.editions-motus.com

 

 

Une plume vous parle a eu le grand plaisir de s’entretenir avec François David le créateur des éditions Møtus, une jolie rencontre. Je tiens à remercier François David pour son accueil et sa disponibilité, j’ai découvert un endroit magique, tant par le lieu (paradisiaque) que par les superbes ouvrages qu’il m’a raconté et que j’ai eu le bonheur de découvrir…

 

Pourquoi le ø de Møtus ?

Le ø de Motus, c’est un peu comme le doigt sur la bouche comme il est expliqué dans un ouvrage qui s’appelle « Bouche Cousue », nous essayons de nous exprimer avec peu de mots, nous aimons bien le texte court voire très court en pensant que parfois en retenant les mots on en dit peut-être autant.

Le poète Yves Bonnefoy a trois vers magnifiques :

« Les mots comme le ciel,

Infini

Mais tout entier soudain dans la flaque brève. »

Nous trouvons que c’est vraiment bien exprimé et nous aimerions bien tendre vers cela.

Les éditions Møtus fêtent leurs trente ans cette année.

Les quatre premières années de Møtus, nous avons publié de très jolis livres, cela se doublait d’une collection avec un graveur et un peintre dans des coffrets. Cela a duré quatre ans, cela a eu beaucoup de succès d’estime et d’articles mais la poésie est quand même un secteur difficile en France malheureusement. Nous y passions beaucoup de temps, nous fabriquions aussi une grande partie des ouvrages, nous nous sommes interrogés sur le sens que cela avait de passer tant de temps alors que les lecteurs n’avaient pas toujours la démarche de se procurer l’ouvrage.

Et puis il s’est trouvé que nous avions une soirée qu’un auteur était venu animer à Cherbourg, c’était des poèmes pour la jeunesse joués par de jeunes comédiens. Et comme nous avions remarqué que cela suscitait un engouement chez les spectateurs, nous avons publié ce recueil et un recueil de contes.

J’ai demandé aux poètes qui avaient publié les quatre premières années s’ils voulaient faire l’expérience d’écrire pour les jeunes lecteurs, ce qu’ils ont fait et à partir de là, nous avons aussi développé des albums et d’autres ouvrages dont des livres objets. Les choses se sont faites ainsi progressivement.

Nous avons également une petite collection qui s’appelle « Mouchoir de poche », ce sont des livres qui sont en noir et blanc mais en noir et blanc inversé, des livres très drôles et émouvants, une collection de trente cinq titres pour laquelle nous demandons aux auteurs qui ne sont pas illustrateurs de s’accompagner graphiquement eux-mêmes.

Pour ce qui est de la diffusion, nous avons un diffuseur et un distributeur dans toute la France et à l’étranger, nos ouvrages sont traduits en plusieurs langues comme « La tête dans les nuages »

Nous exposons un peu partout, il y aura prochainement une exposition à Caen, à Cherbourg au mois de septembre, nous sommes aussi présents au salon d’Alençon, de Montreuil, au salon du livre de Paris ainsi qu’au marché de la poésie…

 

Une balade à travers quelques ouvrages

Nous avons une collection qui s’appelle « Pommes Pirates Papillons » dont la couverture est en couleurs et l’intérieur en noir et blanc, le premier auteur que nous avons publié était Michel Besnier qui a écrit pour les jeunes lecteurs. Ses ouvrages rencontrent un large public avec près de neuf mille exemplaires vendus, ce qui est considérable en poésie. Ce sont des ouvrages très drôles, magnifiques avec un très beau papier et des illustrations extraordinaires d’Henri Galleron, voici une trilogie sur les animaux, il y avait « Le verlan des oiseaux », « Le rap des rats »

Cette collection comporte vingt neuf titres, ça c’était sur les fruits et légumes « Un jardin au bout de la langue » de Constantin Kaïtéris, ce sont des poèmes magnifiquement écrits et qui ne sont pas du tout hermétiques, ils sont drôles avec des illustrations en noir et blanc de Joanna Boillat qui avait illustré également le très bel album « La planète Avril ».  Nous aimons bien être fidèles, nous avons fait d’autres livres avec elle, par exemple « La marchande de vent », c’est une illustratrice de très grande qualité. Nous avons vraiment la chance de travailler avec de très grands illustrateurs, Henri Galleron(douze livres avec lui), celui-ci Stasys Eidrigevicius est un des plus grand illustrateurs au monde, c’est un extraordinaire illustrateur lituanien, il évoque des visages magnifiques !

Mais nous sommes aussi ravis de faire découvrir des jeunes illustrateurs. Le président des « Rencontres pour lire » à Caen était un poète, Jean Rivet dont on a publié un recueil « Le soleil meurt dans un brin d’herbe », illustré par une toute jeune illustratrice de vingt deux ans Aude Léonard, qui n’avait rien publié, ensuite elle a fait cinq autres livres chez nous.

Voilà nous avons la chance de publier avec de très grands illustrateurs ou de faire découvrir des artistes qui ne sont pas encore connus. Elle, c’est une italienne Alessia Bravo qui a eu le prix du meilleur premier album pour « La baleine du bus 29 »

Pour les petits, il y a un livre qui s’appelle « Mon petit doigt m’a dit », illustré par Aude Léonard, le petit doigt de la grand-mère qui devine tout et les enfants aiment beaucoup.

J’ai écrit celui-ci mais nous avons dû publier cent cinquante auteurs et illustrateurs différents. J’ai écrit certain des textes mais j’ai aussi écrit une centaine de livres chez cinquante éditeurs différents.

 

Quelsues livres objets et livres singuliers

Nous faisons aussi des livres objets, celui-ci est un livre qui se présente comme un livre ordinaire mais il faut tirer et cela s’allonge avec un texte adapté qui parle de patience, on met le doigt à un endroit différent à chaque fois et cela dure, cela dure jusqu’à un mètre dix et on arrive au bout, et lorsque c’est fini, cela recommence de l’autre côté, les images sont de Henri Galleron.

Nous sommes connus pour faire quelques livres comme cela !

Il y a « Le jeu de la bonne aventure » qui se présente comme un jeu divinatoire pour les enfants et la règle du jeu, c’est de tirer une carte pour deviner son avenir en poésie et si l’avenir de l’enfant ne lui plait pas, il peut changer l’avenir autant de fois qu’il le veut en tirant une autre carte.

François David me propose de jouer le jeu, je tire une carte : « Tu recevras un jour un billet doux de la part de quelqu’un qui t’aime secrètement, le petit mot d’amour ne sera pas signé alors tu diras tiens c’est un billet doux. » Je prends, c’est extraordinaire ! Une autre carte…

« L’as de trèfle, l’as du trèfle à quatre feuilles, l’as de la chance qui ne pousse qu’une fois, il n’y aura donc qu’une personne comme toi dans le monde et ce sera toi. »

Joker « Cette carte ne dira pas ton avenir, c’est bien, comme ça tu feras ce que tu voudras. »

Nous créons des livres singuliers aussi, celui-ci est un livre où est dessiné un livre et écrit le mot livre, et si on le retourne, on voit le mot tente et le livre devient une tente, ici on voit un robinet avec le mot robinet et si l’on retourne, mon robinet devient fauteuil et on voit une sorte de fauteuil, le renversement d’un mot cela s’appelle un ambigramme, ce qui est unique dans ce livre c’est que sont renversés le mot et l’image.

Ce livre noir sur noir a eu des prix, une petite fille qui joue à qui arrivera la première dans la cuisine, « elle ferme les rideaux pour que ce soit plus rigollot, la lampe s’éteint puis cela devient de plus en plus petit et celle qui a perdu est un peu vexée parce qu’elle s’est cassée la figure et elle dit à l’autre oui mais toi tu as de la chance, tu es avantagée, t’es aveugle, l’autre lui répond : oui mais toi qui a la chance de savoir voir, est ce que tu sais toujours vraiment voir. » Quand il ne fait pas noir, il y a du gaufré noir sur noir et ensuite il y a le texte en braille.

Nous faisons des livres atypiques et singuliers, nous avons deux collections mais nous sommes surtout hors collections en espérant que beaucoup des livres soient inclassables, soient uniques.

Celui-là est blanc sur blanc, il y a des images, elles sont toutes gaufrées avec un papier de très belle qualité.

Encore quelques mots ?

Pour les trente ans de Møtus,nous avons un auteur publié plusieurs fois qui s’appelle Thierry Cazals , nous l’avons publié une fois en collection poésie et il a fait de très beaux livres chez nous, un sur la crise qui s’appelle « Demain les rêves » et qui est absolument magnifique, il mène ce sujet de la crise avec le recul de la poésie et des images, il réussit à l’aborder et même à nous faire sourire parfois.

Cet écrivain, pour les trente ans de Møtus, a choisi trente mots et a écrit trente textes sur Møtus mais pas seulement, cela dépasse aussi. C’est beau ce qu’il écrit : « on dit souvent des enfants qu’ils soient sages comme des images hors  il n’y a rien de moins sage qu’une image, une image, une vraie image, ça bouge tout le temps, ça bondit, rebondit, déborde des marges, ça emporte, ça transporte, ça met tout sans dessus dessous, et soudain hop, sans prévenir, ça se replie comme un escargot dans la coquille d’un secret bien gardé, finalement une image, une vraie image c’est comme le cœur d’un enfant. »

Partager sur :
Par Maryline Bart, le .