Muriel Henry

L'improbable rencontre d'une clown et d'un danseur

Muriel Henry

Muriel Henry clown, metteur en scène, cofondatrice du Collectif 4ème Souffle sera sur scène à La Maison des Métallos à Paris du 12 au 17 décembre 2017 avec le spectacle « Tu me suis ? »

Lors de notre rencontre à la douzième édition du Festival Jazz’Orne Danse, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec elle, elle a accepté  de m’en dire plus sur ce collectif et sur le spectacle qu’elle présente.

« Tu me suis » est le troisième spectacle du Collectif 4ème Souffle, c’est un collectif pluridisciplinaire. Sur le plateau il y a un danseur hip hop Patrick Pirès, P.Lock est une référence dans le monde du hip hop où il y a plusieurs disciplines, il est triple champion du monde de la sienne le Lockin’, tous deux sont accompagnés par un excellent batteur Jérémie Prodhomme.

 

P.Lock et moi, nous nous sommes rencontrés il y a quinzaine d’années dans la compagnie de danse Montalvo-Hervieu qui tourne beaucoup et qui emploie des artistes venus de tous horizons.  Nous sommes tombés vraiment en admiration l’un pour l’autre artistiquement parlant, j’avais approché le hip hop parce que c’est dans la culture urbaine aujourd’hui mais ce n’était pas les arts que j’avais le plus côtoyé.

Suite à notre rencontre chez Montalvo-hervieu, nous sommes tombés assez admiratifs l’un de l’autre, il y a une parenté dans l’énergie du clown comme dans celle du danseur et puis il y a ce point commun entre le hip hop et le clown quelque soit la technique que l’on pratique, il y a une grande part d’improvisation et une réactivité avec la salle. Et dans le Lockin’, il y a une dimension très humoristique, de l’autodérision, de l’humour, de la tendresse, c’est une discipline du hip hop qui est moins  masculine que le Break. Cela faisait beaucoup de points communs et il y a dix ans à peu près, nous avons monté ce collectif.

Voilà, c’est une collaboration. C’est une façon de travailler assez particulière, on travaille en collectif, on amène tous notre matière, on fait des improvisations, il n’y a pas vraiment une personne qui dirige, on travaille, on crée, on improvise avec une thématique qu’on choisit à chaque fois. On aime bien monter des spectacles qui ne soient pas narratifs, qu’il n’y ait pas une dramaturgie chronologique dedans mais qui soient toujours un peu comme des rêves.

 

Depuis dix ans, le collectif tourne un peu partout ?

Nous avons monté une première pièce éponyme qui s’appelait 4ème Souffle, nous ne pensions pas en monter d’autres mais nous avons été assez vite repérés et nous avons fait de nombreux festivals, nous avons fait de jolies tournées. Le spectacle précédent a été joué une centaine de fois en France, à l’étranger, là où le vent nous mène, quand le vent souffle bien, on va jouer loin. Nous avons joué en Allemagne, en Suède, en Angleterre.

Là c’est le début d’une nouvelle aventure, ce spectacle est assez récent car nous l’avons créé l’an dernier. Nous le jouons pour la sixième fois dans le cadre du Festival Jazz’Orne Danse, nous avons joué à Aurillac il y a trois jours, demain partons pour Lyon. On joue, on démonte, on repart, on reprend le train… Nous allons nous produire aussi à Rochefort et en décembre, ce sera à  La Maison des Métallos à Paris pendant une semaine du 12 au 17 décembre dans le cadre du Festival Kalypso. Et cela va faire du bien de se poser une semaine. Nos créations reçoivent le soutien depuis le début de Mourad Merzouki ( directeur du centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne) qui organise les festivals Karavel, Kalypso ….

Nous sommes basés dans le 93, dans le 9/3 comme on le dit dans le spectacle, nous avons du mal à ne pas parler de notre département, d’autant plus qu’on fait du hip hop. Nous faisons toujours un petit clin d’œil à notre département d’origine et de cœur, à nos origines dans le désert de la Seine Saint Denis en faisant une petite blague  dans chaque spectacle, il est important d’en parler en montrant des gens qui font des choses chouettes.

 

Dans quelques jours vous serez à la maison des métallos pour ce spectacle « Tu me suis ? », vous pouvez m’en dire un peu plus.

C’est un spectacle qui est loin de n’être qu’un spectacle de danse puisqu’il y a un danseur, un batteur et une clown. Il y a du mouvement car je bouge beaucoup et il y a de la danse quand P.Lock investit le plateau mais c’est vraiment un spectacle pluridisciplinaire. Mourad Merzouki dit que nos spectacles sont des ovni.

C’est une proposition assez originale, on n’a pas l’habitude de voir du clown, de la danse hip hop et de la batterie. La batterie n’est pas mélodique, c’est percussif et ce n’est pas forcément évident de danser dessus mais le Lockin’ est une pratique très rythmique, il y a beaucoup d’acrobaties, de saxos, de réceptions, donc cela peut accompagner. Mais c’est un défi aussi de n’être que sur une batterie, il y aurait une clarinette, ce serait plus simple. Le défi est intéressant pour moi également, je suis souvent en solo au milieu d’autres personnes, là avec P.Lock et Jérémie c’est vraiment un trio.

P.Lock ne parle pas dans le spectacle, il a une façon de me répondre très expressive, il se passe beaucoup de choses entre nous mais cela ne passe pas par la parole. Et puis des femmes clowns, il n’y en a pas tant que cela non plus, il y en a quelques unes mais ce n’est pas un univers extrêmement féminin. 

Nos spectacles tournent pas mal en jeunes publics alors que ce n’est pas notre intention à la base mais je pense que l’on a un univers assez enfantin. Le clown permet cela car il va toujours être sur du double niveau, du double sens, faire des jeux de mots, mettre en exergue des situations que les enfants ne vont pas forcément noter mais que les parents eux vont relever.

Nous faisons des spectacles qui fonctionnent bien en famille. C’est génial, on peut venir voir ce genre de spectacle avec son enfant en passant un bon moment. Chacun va picorer ce qui l’intéresse dans le spectacle et je pense que quand les gens adhérent à la proposition, ils s’éclatent autant que les enfants.

Le fait qu’il y ait du clown, du hip hop et de la musique permet que chaque tranche d’âge ou chaque genre de spectateur y trouve son compte. 

 

Une semaine pour découvrir ce spectacle qui raconte quoi ?

Dans ce spectacle là qui s’appelle « Tu me suis ? » c’est l’histoire d’une rencontre qui se multiplie à l’infini entre cet homme et cette femme qui n’arrêtent pas de se croiser. Elle, n’arrêtant pas de parler, assez maladroite  avec son corps et lui, dans le mouvement, pas du tout avec la parole, en tout cas il ne me parle pas du tout avec des mots pendant tout le spectacle. Mon personnage le poursuit, danse avec lui autant que faire se peut, lui parle, essaie d’entrer en contact avec lui. C’est un peu cette rencontre là qui se démultiplie, parfois de façon un peu fantasmée, à d’autres moments de façon plus réaliste, tantôt elle s’adresse au danseur en étant admirative de son parcours, tantôt elle le croise simplement, c’est une vision onirique romantique.

C’est l’histoire d’une rencontre qui se répète à l’infini entre deux personnes qui n’ont rien à voir ensemble mais qui vont apprendre à se connaitre et à s’apprécier. C’est un peu notre histoire dans la vie, voilà en gros la thématique de ce spectacle.

Il y a beaucoup de moments de poésie dans le spectacle, des moments plus doux, des moments où l’on se pose des questions sur le sens de la vie, c’est un spectacle sur la rencontre et le partage mais c’est aussi un spectacle sur le rythme dans lequel on vit actuellement, on parle des réseaux sociaux. La thématique première c’est la rencontre, la rencontre amoureuse, la rencontre amicale, comment on se rencontre quand on ne parle pas la même langue et qu’on n’a pas les mêmes codes, comment on arrive à communiquer et en sous couche la thématique du rythme de la vie dans lequel on se noie souvent.

Vous m’avez parlé des festivals, faites-vous Avignon ?

Avec le collectif non, parce déjà on a la chance de jouer à Paris et bien souvent quand on a cette chance, on évite d’aller jouer à Avignon. Cela évite d’avoir à se loger, à payer un théâtre… J’ai fait Avignon à différentes occasions mais personnellement sur mes propres productions, si je peux éviter d’y aller, j’évite car cela demande un  investissement financier très lourd et un énorme investissement physique de l’équipe.

J’y suis allée cette année avec la compagnie Swing’Hommes que j’ai mise en scène autour des musiques de Bach et des musiques Gypsy, Djobi DjoBach un spectacle autour de l’humour musical, quatre musiciens théâtralisés, nous avons joué au Nouveau Ring.

 

« Tu me suis ? » à la Maison des Métallos(Paris) du 12 au 17 décembre 2017

Du collectif Le 4ème Souffle

Clown Muriel Henry

Danseur Patrick Pirès

Batteur Jérémie Prod’homme

 

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Par Maryline Bart, le .

Crédits

Christine Coquilleau