Steak Machine
Résumé
Un CV imaginaire, une fausse identité et un crane rasé. Steak Machine est le récit d’une infiltration totale de quarante jours dans un abattoir industriel en Bretagne. Geoffrey Le Guilcher a partagé le quotidien des ouvriers : les giclées de sang dans les yeux, les doigts qui se bloquent et les défonces nocturnes. Un univers où, selon un collègue de l’abattoir «si tu ne te drogues pas, tu ne tiens pas». L’usine ciblée par le journaliste abat deux millions d’animaux par an. Une cadence monstrueuse qui mène inéluctablement au traitement indigne des hommes et des animaux….
Mon avis
Sensibilisée à la cause animale depuis quelques années et récente végétarienne, j’use et abuse de tous les documentaires et lectures traitant du sujet, à la recherche d’informations. C’est donc tout naturellement que je me suis retrouvée un soir devant ma télé, un documentaire suivi d’un débat y étaient diffusés : «Vers la fin de la souffrance animale», fébrile je m’installe devant mon poste et (re)découvre l’horreur des abattoirs.
Depuis quelques temps l’Association L214 a mis en lumière les horreurs dont les animaux sont victimes dans les «couloirs de la mort», j’arrive tant bien que mal au bout du documentaire, émue et énervée. Comment peut-on en arriver là ? Quelle personne faut-il être pour traiter un animal de la sorte ? Je décide de rester encore un petit peu et de regarder le débat.
Geoffrey Le Guilcher, jeune trentenaire est invité, c’est là que j’apprends la parution de son livre « Steak Machine ». Ce soir là, je mettrai beaucoup de temps à m’endormir, oscillant entre images violentes de bovins ensanglantés et questionnements sur le fonctionnement des abattoirs. C’est décidé, demain je fonce en librairie, il me faut «Steak Machine».
Voilà, il m’aura fallu une semaine pour lire Steak Machine, petit livre de 167 pages mais qui n’est pas évident à lire, par la violence frappante de la réalité. Dans mes questionnements je cherchais à en apprendre un peu plus sur ces hommes et femmes qui travaillent en abattoir, c’est vrai que je m’étais toujours plus préoccupée de la condition des animaux en ces lieux, mais je me suis rendue compte que les deux marchaient ensemble, la bientraitance doit être à double sens. A travers ce récit rondement mené, Geoffrey Le Guilcher nous emmène donc à la rencontre de ses nouveaux collègues, et l’on y découvre au fil des pages des problématiques diverses : des hommes et des femmes brisés physiquement, une grande majorité d’entre eux souffrent de troubles musculo-squelettiques, de lombalgies, cervicalgies non reconnues par l’entreprise comme des maladies professionnelles… mais aussi et surtout brisés moralement par des conditions de travail éreintantes au contact de la mort, des liquides organiques et à une cadence effrénée.
En plus, d’être un essai sur la condition de nos animaux en abattoirs, ce livre témoigne surtout et avant tout de toute la violence faite en ces lieux, qu’elle soit animale ou humaine. Finalement, les deux sont indissociables.
Alors, à vous qui me lisez, j’espère et vous recommande chaudement d’avoir la force de lire Steak Machine et de partir à la rencontre de celles et ceux qui meurent à petit feu chaque jour pour que nous puissions avoir de la viande dans nos assiettes. Il faudra sans doute vous armer de courage car ce n’est pas une lecture aisée, elle bouleverse, remue, questionne mais mérite d’être lue par nous tous car en 2017, nous ne pouvons plus fermer les yeux…
A bon entendeur !
