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C’est un accueil chaleureux de notre hôte et conteuse Laurence qui nous attendait à l’Abri des Contes le 22 février 2018. Une soirée conviviale qui a débuté par une légende, installés confortablement, bien au chaud alors que les frimas de l’hiver sévissaient dehors, nous nous sommes laissés aller à rêver, captivés par ce joli conte.
« Nous sommes dans la contrée chinoise de Hiang-Ho, au temps actuel de la dynastie des Young-Lo. Y vit un gouverneur, appelé Ni. Il possède des milliers de pièces d’or, des terres fertiles et une maison magnifique. Il y vit avec son fil Chen-K’i, appelé ainsi pour rappeler son titre de digne continuateur de la réputation de son père. Ce fils a perdu sa mère, il y a déjà bien longtemps et le gouverneur ne s’est jamais remarié. Ce fils lui, a trouvé épouse qui lui a donné un fils. Le gouverneur fort âgé maintenant, est resté sain d’esprit et de corps, c’est ainsi qu’il continue de gérer ses affaires. Aller chaque année recueillir les loyers dans ses fermes, est son occupation lui permettant d’alimenter son infatigable activité. Il aurait rougi de laisser couler oisivement ses jours au milieu des jouissances que procurent le luxe et l’opulence.
Un jour que le vieillard venait d’atteindre sa soixante dix neuvième année, son fils vint lui tenir ces propos :
« Il est rare qu’un homme vive aussi vieux, même l’antiquité ne signale de cas d’aussi grande vieillesse. Mon père, il est temps de vous soulager de toutes vos affaires. Pourquoi ne me les confiez-vous pas, vous pourrez ainsi jouir chaque instant de la table et des douceurs du repos
– Mon fils, répondit Ni, même s’il ne me restait qu’un jour à vivre, je l’occuperai à administrer mes affaires et ainsi réussirai à faire encore quelques économies pour pourvoir à tes besoins et aussi t’épargner des fatigues de corps et d’esprit . Tant que ces deux piliers me tiennent, je poursuivrai mes activités. »
Tous les ans, dans le dixième mois, le gouverneur allait chez ses fermiers recueillir ses loyers, il y demeurait jusqu’au nouvel an. Le bon vieillard devenait pour les personnes qu’il visitait la source de milles prévenances et d’attentions. Des poules, des faisans, des vins délicieux, rien ne lui était épargné pour multiplier les jouissances.
Cette année-là, les deux mois s’étaient écoulés avec la rapidité de la flèche qui fend les airs, et un jour qui lui laissé du loisir, il décida de se promener sur ses terres pour profiter pleinement de la nature et des sites champêtres.
Soudain, il voit venir une jeune personne accompagnée d’une vieille femme aux cheveux blancs . Elle se dirige vers un plan d’eau, s’y arrête et commence à laver des vêtements en les battant sur une pierre blanche polie. Le gouverneur Ni est subjugué par cette jeune femme. Elle est vêtue comme une villageoise mais son visage brille d’une fraîcheur et d’une grâce qui fait oublier sa modeste condition.
Ses cheveux sont comme la laque de l’arbre Tsi,
Ses yeux en amande brillent comme les flots qui jouent à ses pieds
Ses doigts sont délicats comme les jeunes tiges de Tsong
Sur son front se détachent deux arcs si délicats qu’on les croit peints avec le plus délicat des pinceaux
Sa simple tunique embrasse sa taille svelte et légère et fait ressortir ses attraits avec plus d’avantages que si elle était vêtue de soie.
Sa tête est surmontée d’une couronne champêtre qui la parait plus gracieuse que si elle portait des têtes d’épingles brochées.
Cette jeune beauté compte dix huit printemps.
A cette vue, un trouble secret s’empare des sens du gouverneur, son corps tressaille, ses yeux brillent, il reste muet d’admiration.
La jeune personne finit de laver son linge et repart en suivant toujours la femme âgée. Ni les suit jusqu’au village et les voit entrer dans une cabane dont la porte est défendue par une haie de bambous entrelacés.
Le gouverneur retourne dans la ferme, raconte sa rencontre et demande au fermier d’aller quérir toutes les informations vraies concernant cette jeune fille.
» Allez trouver les parents et demandez-leur si elle a déjà était promise en mariage et si ce n’est pas le cas, dites-leur que je souhaite l’épouser en qualité de de femme secondaire, saura-t-elle accepter ? »
Le fermier s’empresse d’obéir à son maître. Il arrive ainsi chez la vieille femme qui lui raconte, qu’elle vit avec sa petite fille depuis la mort de ses enfants. Le père était un lettré de première distinction. Le fermier, ayant entendu qu’il n’y avait pas de fiançailles engagées, exposa à la vieille femme les intentions du gouverneur :
« Si vous en êtes d’accord, le gouverneur souhaiterait faire de votre petite-fille, sa seconde épouse, rang modeste mais comme il a perdu sa femme et qu’il ne s’est pas remarié il garantit que sa nouvelle épouse sera richement vêtue et délicatement nourrie. Le gouverneur promet de vous donner jusqu’à la fin de votre vie, en remerciement, du thé et du riz en abondance, vous aurez également de beaux vêtements. Il garantit aussi qu’il se fera un devoir de vous conduire au champ des repos avec tous les honneurs dignes de son rang et de sa fortune. »
La vieille voyant cette demande comme un cadeau du ciel accepta.
Le gouverneur décide que le mariage se passe à la campagne, là où la demande a été faite et aussi, loin de son fils car il craint que ce dernier ne mette des obstacles à cette union. Il choisit une date sur le calendrier, les cadeaux de mariage. Le jour du mariage se déroule en toute simplicité. Le soir des noces, qu’il était touchant ce spectacle : d’un côté, un vieillard à cheveux blancs, couvert de vêtements de crêpe foncé, de l’autre, une jeune fille avec sa chevelure noire et ondoyante, riche de toilettes et d’attraits.
La plante grimpante et l’arbrisseau jeune et parfumé qu’elle embrasse de ses branches arides, offre une image fidèle de ce couple inégalement assorti. Elle palpite d’inquiétude, il est agité d’une crainte secrète. Aura-t-il assez de courage pour répondre à l’ardeur qui l’anime ?
Dès que le soir tombe, le vieillard soutient noblement le combat qui devait couronner ses vœux, il renouvela plus d’une fois ses anciennes prouesses.
Au lendemain, une chaise à porteurs raccompagne le gouverneur et sa jeune épouse chez lui pour la présenter à son fils et à sa bru. Tous les hommes, les femmes et les jeunes filles viennent saluer leur gouverneur et le féliciter. Les visiteurs s’inclinent respectueusement devant la jeune femme. Le gouverneur distribue à chaque invité une étoffe assortie au goût et à la condition de chacun.
Cependant Ni-Chen-ki venu saluer son père ne partage pas l’allégresse générale, il ne dit rien devant mais à peine a-t-il rejoint ses appartements qu’on l’entend discuter avec sa femme … »
Après cette délicieuse histoire, la première invitée de ces rendez-vous qui auront lieu tous les troisièmes jeudis de chaque mois, Stéphanie Binard artiste peintre nous a présenté ses œuvres. Elle nous a également fait part de ses projets qui seront dévoilés très vite dans un article qui lui sera consacré.
Nous avons découvert quelques uns de ses tableaux joliment mis en valeur sur la terrasse de l’Abri des Contes.
Une exposition lui est consacrée du 15 mars au 21 avril 2018 au crédit agricole de Falaise.
Pour terminer cette soirée dans le partage et la convivialité, un sympathique buffet composé de produits locaux avait été préparé par Laurence et sa famille. L’occasion pour les personnes présentes de converser et d’échanger, et d’apprécier ce premier évènement fort réussi.
Le prochain rendez-vous Apéro Conté est prévu le jeudi 22 mars 2018 à 19h : Partez en voyage des Andes à l’Amazonie