Patients

À mettre absolument entre toutes les mains

Patients

Présentation

Il y a une quinzaine d’années, en chahutant avec des amis, le jeune Fabien, pas encore vingt ans, fait un plongeon dans une piscine. Il heurte le fond du bassin, dont l’eau n’est pas assez profonde, et se déplace les vertèbres. Bien qu’on lui annonce qu’il restera probablement paralysé à vie, il retrouve peu à peu l’usage de ses jambes après une année de rééducation. Quand il se lance dans une carrière d’auteur-chanteur-slameur, en 2003, c’est en référence aux séquelles de cet accident – mais aussi à sa grande taille (1,94 m) – qu’il prend le nom de scène de Grand Corps Malade.

On connaît l’immense succès qui suit : trois albums plébiscités par le public et la critique, une distinction de Chevalier des Arts et des Lettres, qui récompense la qualité de sa plume, toujours subtile et surprenante. Dans ses chansons pleines de justesse, telles « À l’école de la vie« , « Roméo kiffe Juliette », « Éducation nationale« , ou encore « Rachid Taxi« , l’artiste soulève le voile d’une réalité sociale et politique singulière. Chaque année, certains de ses textes sont proposés au baccalauréat de français.

Dans son livre, où il se fait pour la première fois auteur d’un récit en prose, il raconte, avec humour, dérision et beaucoup d’émotion, les douze mois passés en centre de rééducation et relate les aventures tragiques mais aussi cocasses vécues par lui et ses colocataires d’infortune.

Mon avis

A l’occasion de la sortie du film « Patients » de Medhi  Idir et Grand Corps Malade, j’ai eu envie de me replonger dans le livre éponyme de Fabien Marsaud ou Grand Corps Malade, et comme la première fois, j’ai adoré. C’est un livre plein de vérité, d’humour et d’espoir.

"Quand tu es dépendant des autres pour le moindre geste , il faut être pote avec la grande aiguille de l'horloge. La patience est un art qui s'apprend patiemment." – Grand Corps Malade

J’aime beaucoup les textes de Grand Corps Malade, pour moi c’est un magiciens des mots. Ce livre « Patients » m’a beaucoup touché, tout comme le fait sa voix profonde et intense. Fabien Marsaud y évoque avec beaucoup de dérision et de recul mais aussi avec une grande pudeur, son combat pour retrouver autonomie et dignité.

On côtoie ses copains « d’infortune » avec leurs blessures et cassures physiques et morales, l’univers médical et soignant, certains exceptionnels, d’autres un peu moins. Une occasion ici pour insister sur le fait que ce livre devrait être mis entre toutes les mains soignantes, certains d’entre eux pourraient ainsi revoir leurs habitudes et, ne pas oublier que le patient a un nom ou un prénom, qu’il n’est pas seulement un « Tétra » ou un « Il« , que l’on peut s’adresser à lui comme à une personne saine d’esprit.

Son écriture est fine, parfois cynique mais toujours drôle. C’est un livre touchant, rempli d’émotion mais à aucun moment larmoyant.  Une belle leçon de vie et d’espoir qui nous engage à beaucoup plus d’humilité face à nos petits bobos de la vie et à nous rappeler que la vie est à savourer chaque jour.

Alors on va relever les yeux, quand nos regrets prendront la fuite. On se fixera des objectifs à mobilité réduite.Là-bas au bout des couloirs, il y aura la lumière à capter. On va tenter d'aller la voir avec un espoir adapté " – Grand Corps Malade
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Par Elisabeth Augeul, le .