Po Chapé

Un patchwork culturel

Po Chapé

Po Chapé

Auditorium du conservatoire

15 rue Jullien

61000 Alençon

Vendredi 20 octobre 2017

J’avais déjà eu l’occasion d’assister au spectacle de la compagnie Difé Kako « Po Chapé » à Paris au début de l’année 2017. Grâce à sa programmation dans le cadre du festival chorégraphique Jazz’Orne Danse à l’auditorium d’Alençon, la Normandie a pu découvrir ce spectacle qui regorge de talents.

C’est une nouvelle écriture proposée par Chantal Loïal, les textes et la musique y sont plus présents encore. « Cette pièce a beaucoup évolué… elle est devenue universelle avec la mise en valeur de problèmes de reconnaissance, de comment on se vit, de comment on s’accepte, du rapport à l’autre… » Chantal Loïal, danseuse chorégraphe souligne une problématique identitaire, le besoin de s’occidentaliser des femmes non blanches et le reniement de leurs origines au point de risquer leurs vies. Elle met en évidence, à juste titre, la réalité  de la domination d’un modèle culturel occidental au détriment de l’affirmation de soi et de sa propre identité. La curiosité pour une autre culture est cependant enrichissante et il est nécessaire, peut-être plus encore en ce moment, de continuer à tisser un patchwork culturel universel et démontrer que le bien vivre ensemble est indispensable.

 

Artistes chorégraphiques Mariama Diedhiou, Katy Dinh, Tania Jean, Chantal Loïal, Jessica Orsinet, Shihya Peng, Julie Sicher, Joséphine Viollet

Lumières Hervé Janlin

Musiques originales, arrangements Christophe Cagnolari, Mariame Kadi

Costumes Annie Melza Tiburce, Michèle Sicher

Regard extérieur Delphine Bachacou

« La pièce qui se joue pendant le festival Jazz’Orne Danse à Alençon est une pièce qui parle des problématiques de peau et des cheveux. C’est toute cette population de peau foncée qui se décolore la peau, la diaspora qui est en occident et dans le nord, mais aussi ceux du sud car c’est devenu une économie.

Nous ne faisons que sensibiliser et en parler pour faire réfléchir, et nous ne sommes qu’une petite pierre à l’édifice.

Mes pièces sont très mélangées au niveau des interprètes déjà. Je démocratise les interprètes, la singularité de la danse, la singularité de l’individu tout en étant dans un pluriel et il me paraissait important, en tout cas en ce qui concerne Po Chapé, parce qu’on s’inspire du quartier de Château Rouge et de Château d’Eau, de défendre  dans la pièce ce quartier qui est multiculturel, multiethnique, multiracial.

C’est pour cela que l’on retrouve une femme asiatique, une femme africaine, une française, une antillaise et quand je n’ai pas pu mettre plus de visages, j’ai utilisé la musique, la parole, le chant pour parler des autres visages que l’on n’a pas pu voir concrètement sur le plateau, mais on les entend par des sons et par des voix. Po Chapé c’est parler de la confiance en soi parce que se décolorer la peau, se défriser représentent un commerce important et nous sommes bien bêtes d’alimenter cette économie, moi la première parce que je me suis défrisée les cheveux pendant longtemps. Po Chapé c’est parler de cette problématique qui malheureusement sévit de plus en plus sur les plus jeunes qui se décolorent la peau et se mettent de faux cheveux.

Maintenant la plupart des femmes africaines ont des perruques faites avec de très mauvais produits et pour la plupart elles ont une calvitie. À cause des produits pour la peau, elles se retrouvent avec du diabète, du cholestérol, cela provoque toutes les maladies dont on a tous peur. C’est un réel danger pour la santé, cancer de la peau…C’est une double situation dramatique, à la fois  pour la santé mais aussi pour son identité propre, voire même une triple situation car ces produits sont vendus partout en Afrique et les conditionnements jonchent les plages.

L’Afrique est une poubelle des contenants de ces produits dans la mer et même de ces cheveux qui au bout d’un moment sont jetés à la poubelle. »

Le spectacle Po Chapé est programmé en octobre et novembre 2017 dans le cadre du festival Le Mois Kréyol 2017 organisé par la compagnie Difé Kako, le samedi 28 octobre 2017 à Anis Gras à Arcueil(94), le dimanche 30 octobre 2017 à  La Maison des Arts de Créteil(94) et le lundi 7 novembre 2017, séance scolaires, à Anis Gras à Arcueil(94)

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Par Maryline Bart, le .

Crédits

Patrick Berger

Compagnie Difé Kako